"Nous avons été très intéressés d'apprendre de CVL que le commerce revenait au cœur des villes"

Avril 2009

L'architecte urbaniste Yves Lion est le chef de file du Groupe Descartes, l'une des dix équipes ayant répondu à la consultation internationale le Grand pari de l'agglomération parisienne, organisée par le ministère de la Culture. CVL, membre du Groupe Descartes, a contribué à la réflexion collective en apportant son expertise du commerce.

Quelle est la place du commerce dans votre réflexion ?

Dans le contexte de double crise économique et écologique dans lequel s’inscrit cette consultation, nous avons été très intéressés par l’émergence de nouvelles pratiques plutôt encourageantes. Les urbanistes ont deux regrets majeurs, la disparition du commerce de proximité et celle du concierge, symboliques d'une mutation urbaine violente. L'équipe de CVL nous a démontré que le commerce revenait au cœur des villes, en tout cas qu'il y avait une demande pour cela. On voit poindre une vraie modification potentielle. Il y a aussi l'incroyable succès des marchés forains, dont Sophie Simonet nous a montré qu'ils étaient le lieu d'une vraie mixité sociale et sans doute le seul endroit où le prix varie en fonction de l'heure à laquelle vous achetez, ou encore le phénomène des AMAP*. Tout cela va dans le sens de l'urbain. Je crois d'ailleurs à la permanence de la rue, c'est une tradition millénaire qui remonte à la Mésopotamie.

Parmi les objectifs que vous vous donnez, il y a celui de réduire d'une demi-heure les déplacements quotidiens. Quelle conséquence pour le commerce ?

Là encore, Sophie Simonet a marqué les esprits en comparant les 7 millions de personnes qui fréquentent le Louvre chaque année aux 30 millions de visiteurs du centre commercial des Quatre Temps. Cela a fait très mal au ministère de la Culture ! Mais surtout on voit bien qu'on ne peut plus généraliser ce système de croissance des flux. CVL explique d'ailleurs que les centres commerciaux isolés où on ne se rend qu'en voiture et en plus de 20 minutes sont en perte de vitesse. Tout concourt à rechercher la proximité.
Il y a aussi des opportunités le long des infrastructures. Nous proposons de modifier certaines autoroutes pour les rendre plus fréquentables, nous avons travaillé autour de l'A4 notamment. On sait que, sur les axes chargés, on roule plutôt mieux quand la vitesse moyenne est autour de 50 à 70 km. Cela permet de venir habiter autour, de mettre des commerces, des bureaux, des équipements. D'une manière générale, il faut concentrer les activités humaines autour des lieux de transport.


* Association pour le maintien de l’agriculture paysanne, forme de vente directe du producteur au consommateur en fort développement